Connectée, sans fil et simple
Bon an mal an, quelque 230 000 cambriolages se produisent chaque année en France, avec un pic pendant la période estivale. Vol de biens de valeur, dommages occasionnés par l’effraction, mobilier parfois vandalisé… Cette mésaventure est souvent traumatisante pour les victimes. On imagine mal devoir se barricader chez soi ou se payer une armée de vigiles. L’alarme est alors la solution la plus évidente et la plus rassurante pour être prévenu d’une intrusion et agir en conséquence, afin d’empêcher ou de limiter les dégâts.
Les systèmes d’alarme que Tom’s Guide a testés se caractérisent principalement par trois points. Primo, ils sont connectés à Internet, et donc pilotables via un portail web ou une application mobile. Il est difficile de faire sans à notre époque, et les services marketing des fabricants l’ont bien compris. Secundo, les détecteurs et autres accessoires fonctionnent sans fil, donc sans grands travaux qui obligeraient à reconfigurer le circuit électrique. Les locataires seront ravis de l’apprendre. Tertio, et c’est une conséquence directe du point précédent, à peu près tout le monde peut installer un tel système sans l’intervention d’un professionnel.
Mais l’offre est disparate, tant au niveau du prix que des fonctions. Les petits systèmes d’autosurveillance suffiront à beaucoup. Ils sont l’oeuvre de spécialistes du réseau (Devolo), de la téléphonie (Gigaset), de l’Internet des objets (Nest, dont l’alarme se fait encore attendre en France) ou des nouvelles technologies au sens large (le chinois Anker, qui prépare également une offre d’alarme). D’autres alarmes ont « tout d’une grande ». Plus complètes, plus résistantes mais aussi plus onéreuses, elles proviennent d’industriels reconnus dans la filière de la sécurité et plus généralement de l’habitat (Diagral, Somfy, Bosch..), qui se mettent aujourd’hui à la page. Une alarme donc, mais pour quels besoins, quelles performances et quel budget ? Voici notre décryptage et les modèles que nous recommandons.
Quelle est la meilleure alarme connectée ?
Les systèmes que nous avons sélectionnés contiennent le strict minimum pour vous informer d’une intrusion : une centrale et au moins un détecteur. La centrale constitue le cerveau de l’installation, qui communique en permanence avec le ou les capteurs, déclenche l’alerte si besoin et la transmet sur votre smartphone.
La composition du pack varie ensuite en fonction du prix. La sirène, assourdissante donc dissuasive, n’est pas livrée d’origine avec le kit de démarrage de Devolo, qui coûte aux alentours de 200 €. En revanche, elle est livrée d’emblée dans la plupart des autres offres, au-delà de 250 €. Il arrive que cette sirène soit intégrée, comme dans la One+ de Somfy Protect et le système evohome d’Honeywell (elle est à l’intérieur du lecteur de badge). Chez Gigaset, elle se branche directement sur une prise électrique. Chez Bosch, sirène et détecteur de fumée ne font qu’un.
Le clavier ou le lecteur de badge sont plus rares et plutôt proposés par les fabricants d’alarmes confirmés, tels que Honeywell et Diagral. Vous vous identifiez à l’aide d’un badge magnétique et ainsi vous armez ou désarmez rapidement l’alarme, au départ de votre domicile ou à votre retour. Smanos fournit également un clavier à quatre touches, qui permet d’entrer une combinaison secrète. De son côté, Somfy Protect fournit une petite télécommande pour la One+. La finalité est identique, si ce n’est que vous pouvez armer ou désarmer l’alarme à plusieurs dizaines de mètres de distance et sans passer un badge devant un clavier. Ce genre de télécommande est en option chez Honeywell ou Gigaset. L’idée est intéressante, car vous n’avez plus besoin de dégainer votre smartphone pour activer ou désactiver votre alarme.
Comment ça s’installe ?
Ces alarmes connectées s’installent en suivant peu ou prou les mêmes étapes : création d’un compte utilisateur sur l’application mobile ou un portail web, branchement et identification de la centrale, association, pose et calibrage des capteurs, du lecteur de badge, de la sirène, etc., selon la composition du système.
La centrale, l’élément principal, prend la forme d’un boîtier qui se pose le plus souvent sur ou dans un meuble, bien que Bosch et Diagral fournissent des fixations murales. La centrale Home Control de Devolo, semblable à un module CPL, se distingue par le fait qu’elle se branche directement sur une prise électrique.
La connexion à la box Internet domestique s’effectue en majorité via Ethernet (voire CPL pour Devolo), seuls Somfy Protect et Smanos ayant opté pour le Wifi. Le débit Internet n’entre pas en ligne de compte, sauf quand une caméra est installée. C’est le cas de la One+, qui requiert un débit montant de 500 kbits.
La centrale est alors identifiée au travers d’un portail web spécifique, pour Devolo et Honeywell, ou de l’application mobile (iOS/Android) pour tous les autres, après que vous avez scanné un QR Code ou renseigné un code d’activation, livré dans l’emballage ou inscrit au dos de la centrale. S’ensuit la phase d’association des accessoires, qui est initialisée en insérant des piles pré-installées ou en retirant une languette qui bloque l’alimentation. L’application mobile de Bosch demande ensuite de scanner le QR Code de chaque accessoire. Avec Gigaset, l’appairage des accessoires est réalisé en appuyant sur deux boutons, l’un sur la base, l’autre sur l’accessoire. Si les méthodes d’installation diffèrent, elles fonctionnent toutes vite et bien, ce qui est plaisant. Sans-fil oblige, la portée est un paramètre à vérifier, surtout dans les plus grandes habitations. Étant donné les fréquences employées, le plus souvent en dessous de 1 GHz, la centrale et les autres éléments parviennent cependant à échanger sans encombre sur plusieurs dizaines de mètres de distance.
Vient enfin la pose de ces accessoires. Tous les fabricants fournissent le nécessaire, dont la visserie et très souvent des adhésifs double face. Chacun fera à sa manière selon sa maîtrise de la perceuse et du tournevis, sachant que les adhésifs sont conseillés pour les locataires ou pour préserver les fenêtres en PVC. Quelques précautions sont à respecter : un capteur de mouvement ne doit pas être exposé à une source de chaleur ou d’intense lumière. Un détecteur d’ouverture doit pour sa part subir un calibrage, qui définit les états de référence et qui ne dure qu’une dizaine de secondes. Signalons que les accessoires que nous avons testés sont prévus pour l’intérieur. Une sirène extérieure, si jamais elle est disponible en option, bénéficie bien entendu de l’indice de protection idoine contre les poussières et l’humidité.
Qu’est-ce que ça détecte ?
Les capteurs détectent soit le mouvement, soit l’ouverture d’un moyen d’accès (porte ou fenêtre). Les détecteurs de mouvement possèdent un capteur infrarouge qui repère l’écart de température entre un corps en déplacement et le fond ambiant. Ils sont immunisés contre les animaux domestiques, c’est-à-dire qu’ils ne transmettent pas de fausses alertes si votre chat ou votre chien se déplace devant le champ de détection, qui peut aller jusqu’à une dizaine de mètres. Tantôt la limite de poids est indiquée (25 kg chez Gigaset, 36 kg chez Honeywell), tantôt la sensibilité est réglable (Somfy Protect). Si vous possédez un berger des Pyrénées, vous risquez toutefois d’être alerté pour rien. Si vous possédez un tigre, vous n’avez pas besoin de système d’alarme.
Un détecteur de mouvement équipé d’un capteur photo permet également de lever le doute : il transmet les captures d’image si jamais quelqu’un ou quelque chose passe devant le capteur infrarouge. Ce type de détecteur devient courant dans les systèmes d’alarmes professionnels et fait son apparition dans quelques offres pour le grand public. Il est en option chez Honeywell et inclus chez Yale.
Autre produit à faire appel à la détection de mouvement par infrarouge : la gamme de visiophones Video Doorbell de l’entreprise américaine Ring (appartenant désormais à Amazon). L’équipement peut être programmé pour transmettre des alertes la nuit, à une heure ou personne n’est censé se présenter devant la porte d’entrée. Vous pouvez ensuite vérifier ce qui se passe par l’intermédiaire de la caméra intégrée et de l’application mobile. Ce visiophone agit ainsi comme une détecteur périmétrique.
Les détecteurs d’ouverture se posent sur les portes, les fenêtres et les portes-fenêtres. Ils sont généralement constitués de deux éléments, l’un se posant sur une partie fixe (huisserie ou dormant), l’autre sur une partie mobile (battant, vantail). Le magnétomètre ou l’interrupteur Reed incorporé d’un côté détecte la variation du champ magnétique induit par le déplacement de l’aimant logé dans l’autre partie du capteur. Les capteurs d’une seule pièce se basent sur un accéléromètre et décèlent la moindre accélération, traduction de la mise en mouvement de la porte ou du battant de la fenêtre, ou des vibrations dues à un choc, causé par une éventuelle effraction.
Disponibles en option chez Honeywell et Diagral, les détecteurs de bris de vitre distinguent ces fréquences acoustiques caractéristiques et parfois la variation de pression de l’air dans la pièce.
La plupart des fabricants répondent également aux besoins de surveillance des risques domestiques (fuite d’eau, émanation de fumée ou monoxyde de carbone, etc.) et peuvent fournir les détecteurs ad hoc.
Ces détecteurs peuvent aussi être assortis de capteurs de luminosité et de température, intéressants dans un contexte domotique (contrôle chauffage, éclairage) ou juste informatif. C’est le cas chez Devolo.
Comment est-on alerté en cas d’intrusion ?
Si vous êtes chez vous, c’est la sirène qui se charge de vous alerter… et même de vous réveiller quand le cambrioleur agit la nuit. Prévoyez en plusieurs si votre habitation est grande et si vous êtes un peu dur d’oreille. Pour éviter les alertes intempestives, certains systèmes (Honeywell, Somfy Protect, Gigaset, Smanos) permettent de configurer ou de programmer le fonctionnement des capteurs, c’est-à-dire de laisser actif le capteur d’ouverture et de désactiver le capteur de mouvement quand vous êtes présent. Ce mode est appelé Mode nuit ou Mode présence. L’alarme de Diagral offre quant à elle la possibilité de définir des zones, c’est-à-dire des groupes de capteurs qui peuvent être activés ou désactivés indépendamment des autres. Le but est à peu près le même que précédemment : vous pouvez définir des pièces (garage, dépendance…) qui resteront ou pas sous surveillance selon leur situation ou le moment de la journée.
Si vous êtes absent, la notification « push » sur le smartphone, via l’application mobile, et l’envoi d’un email sont les deux méthodes les plus fréquemment employées pour vous avertir, à condition que votre smartphone puisse accéder à Internet (Wifi ou 3G/4G). Autre moyen d’alerte, un peu moins répandu : le SMS, qui a l’avantage de fonctionner avec un abonnement basique (voix + SMS) sur n’importe quel téléphone et un peu partout dans le monde, pourvu qu’un réseau GSM soit disponible.
Il existe une autre possibilité, utile si vous vous absentez pour une longue période (voyage, vacances…) : le partage des alertes avec des proches ou des voisins, qui peuvent se déplacer pour vérifier si une intrusion a eu lieu ou pas. Cette option, temporaire et désactivable à volonté, est proposée par Somfy Protect, Honeywell ou encore Devolo.
Enfin, Somfy Protect est le seul à proposer la souscription à un service d’intervention sur site, pour lever le doute, de gardiennage voire de télésurveillance 24h/24. C’est à notre connaissance inédit pour un produit à ce niveau de prix. L’offre maximale est facturée 14,99 €/mois. Pour être tout à fait honnêtes, nous n’avons pas testé ce service.
Est-ce que ça marche dans tous les logements ?
Une alarme connectée implique une connexion Internet, ce dont une résidence secondaire est parfois privée. Ensuite, la typologie du logement (maison individuelle, appartement, etc.) n’a d’importance qu’en fonction du nombre de points d’accès à surveiller, et donc du nombre de détecteurs à installer. Par exemple, un appartement à l’étage ne comporte en général qu’une porte d’entrée et les fenêtres ne sont pas accessibles, tandis que les brèches potentielles sont multiples dans une maison de plain-pied. Or, les solutions que nous avons testées ne sont livrées qu’avec un seul capteur de mouvement et/ou détecteur d’ouverture. Équiper méticuleusement une maison peut coûter assez cher quand on voit le prix des accessoires optionnels : 49,90 € le détecteur d’ouverture supplémentaire chez Devolo, 49,99 € le détecteur de mouvement supplémentaire chez Gigaset, etc. C’est un critère à prendre en compte. Le prix des badges et des télécommandes, le cas échéant, est aussi à multiplier par le nombre d’occupants.
A contrario, si vous avez la chance de vivre dans une grande maison, vous ne devriez pas être limité par le nombre d’accessoires. La centrale de Honeywell en gère 32, celle de Gigaset 48, la One+ de Somfy Protect prend en charge 50 accessoires et 50 badges… Il y a de quoi faire.
Enfin, certains fabricants (Devolo, Honeywell, Somfy Protect…), sans indiquer de limites, permettent d’installer plusieurs systèmes dans autant d’habitations, puis de les contrôler, à partir d’une même application mobile ou du même portail.
Que se passe-t-il en cas de coupure de courant électrique ou Internet ?
Que ce soit pour l’alimentation électrique ou pour la connexion Internet, il existe deux cas de figure : la panne fortuite, comme il s’en produit tous les jours et partout, ou la coupure volontaire, causée par un cambrioleur audacieux et expérimenté. Quelle que soit l’origine de la défaillance, un système d’alarme efficace doit pouvoir assurer la continuité du service. Une alimentation électrique de secours, afin que la centrale poursuive son travail d’analyse, est une première condition. Las, c’est l’une des grandes faiblesses des systèmes que nous avons testés : seules les centrales de Honeywell, de Diagral, de Smanos et la One+ de Somfy Protect comportent des piles ou une batterie rechargeable pour faire face à cet imprévu. L’autonomie va de 5 heures (Smanos) à 24 heures (Honeywell), ce qui laisse de la marge avant le retour à la normale.
Dans un deuxième temps, l’alerte en cas d’intrusion doit être transmise même si la liaison Internet est rompue ou se désynchronise. Ces alarmes IP sont d’autant plus sensibles à ce genre d’incident qu’une coupure de courant désactive aussi la connexion Internet, désagrément inconnu des alarmes raccordées au réseau téléphonique commuté (RTC), lequel est progressivement abandonné. Le relais GSM/GPRS, grâce à une carte SIM multi-opérateurs insérée dans la centrale, constitue la parade « historique » et préférentielle des grands fabricants d’alarmes, dont Honeywell dans notre dossier. Diagral propose ce module SIM en option. La One+ de Somfy, quant à elle, adopte une technique moins ordinaire : quand la liaison Internet devient inaccessible, le signal d’alerte est redirigé automatiquement vers un réseau radio LoRaWAN (qui se caractérise par son faible débit et la longue portée des antennes, environ 10 km). Ce service est inclus dans les options Gold ou Platinum (à partir de 9,99 €/mois).
Y a-t-il des frais supplémentaires?
Le sans-fil a un revers : tous les éléments autour de la centrale consomment des piles, de type AA, AAA, CR123, LR20… Un petit budget récurrent est donc à prévoir, en fonction du nombre de capteurs installés. L’autonomie annoncée des capteurs est cependant assez élevée, de deux à quatre ans en général. La centrale elle-même est parfois équipée de piles de secours, en l’occurrence la centrale d’Honeywell, dotée de quatre piles AA. Mais celles-ci ne fonctionnent qu’en cas de coupure de courant et leur remplacement sera normalement assez rare.
Autre source de dépenses : les alertes par SMS. Si un pack de SMS est souvent offert avec le produit, chez Devolo par exemple, les recharges (qui n’ont rien d’obligatoire) sont ensuite payantes. Le système de Devolo permet de configurer la plateforme d’envoi de SMS de son choix. Honeywell a pour sa part opté pour une carte SIM multi-opérateurs (solution autonome en cas de coupure Internet), abonnement de deux ans inclus. Au-delà, il vous en coûtera 23 €/an. Mais la centrale peut aussi fonctionner sans.
Ces alarmes permettent-elles de contrôler toute la maison ?
Certaines alarmes sont en capacité d’interagir avec des objets connectés, des assistants vocaux (Google Home, Amazon Alexa…), des services ou même des systèmes domotiques. Elles sortent alors de leur principal périmètre fonctionnel, à savoir la sécurité, et vous permettent d’explorer d’autres axes de la domotique, comme le confort ou la gestion de l’énergie.
Mais les approches sont différentes. Devolo et Bosch ont voulu développer des offres les plus complètes possible autour de leur centrale, laquelle sert à cette occasion de contrôleur domotique à tout faire. Les gammes d’accessoires comprennent des détecteurs de fumée, des détecteurs de fuite d’eau, des thermostats, des vannes thermostatiques… Devolo a adopté le Z-Wave (et sa dernière version, Z-Wave+) et Bosch a choisi le Zigbee, des protocoles radio bien connus des amateurs de domotique. Plusieurs centaines d’accessoires Z-Wave et Zigbee de toutes marques existent aujourd’hui, mais l’interopérabilité n’est que théorique, en particulier pour le Zigbee.
L’alarme de Honeywell n’interagit en revanche qu’avec le système de chauffage de la même marque. Quant à la One+ de Somfy, elle dialogue avec le système domotique Tahoma de ce même fabricant et avec les services tiers IFTTT et Works with Nest.
Outre leur aspect pratique, ces interactions sont intéressantes pour simuler une présence : ouvrir et fermer les volets, allumer de manière aléatoire une lampe branchée sur une prise intelligente, etc.
Est-ce que c’est piratable ?
Inutile d’entretenir le suspense : tous ces systèmes d’alarme peuvent être déjoués par un cambrioleur expérimenté. Les meilleurs lui donneront toutefois un peu de fil à retordre, de la même manière qu’une porte blindée retardera le crocheteur le moins doué.
Ces équipements sont affectés par deux vulnérabilités essentielles : la connexion IP et la communication sans fil. La première, qui apparaît indispensable à notre époque, est susceptible d’ouvrir des brèches informatiques supplémentaires, dans les centrales elles-mêmes ou dans les serveurs distants. Certes, ces serveurs sont sécurisés, certes les communications vers l’extérieur sont normalement chiffrées, mais un «hacker» persévérant risque toujours de découvrir une faille, puis de désarmer l’alarme d’un clic de souris. Diminuer les points d’entrée par «effraction» est une possibilité. Par exemple, la One+ de Somfy Protect ne dispose pas de serveur web interne.
Quant au sans-fil, fort pratique lui aussi, il a le désavantage d’être sensible aux tentatives de brouillage, que celui-ci soit volontaire ou accidentel. Or, les brouilleurs radio, bien qu’ils soient interdits en France (ce qui fait une belle jambe aux malfaiteurs), font partie de l’arsenal du «bon» cambrioleur : ils saturent les fréquences radio utilisées par la centrale (433 ou 868 MHz le plus souvent) et perturbent les échanges avec les détecteurs. Il existe même des brouilleurs de bande GSM/GPRS, qui compromettent les communications vers l’extérieur et donc le relais principal ou secondaire des alertes.
La détection de brouillage est la parade classique mise en place par les fabricants traditionnels, c’est-à-dire Somfy Protect, Honeywell et Diagral, que les autres fabricants dans ce dossier n’évoquent même pas. Grâce à ce dispositif, la centrale signale une anomalie si elle perd le contact avec les périphériques. La technologie TwinBand de Diagral se distingue par l’usage simultané de deux fréquences (433 et 868 MHz), ce qui complique la tâche du cambrioleur. Il est à noter que l’alarme e-One de Diagral est la seule de notre dossier à bénéficier de la certification NFA2P, attribuée par le CNPP (Centre national de prévention et de protection). C’est un gage de résistance aux attaques, pas une garantie contre le cambriolage.
Le sans-fil a également l’inconvénient d’être vulnérable au « sniffing » : les communications radio peuvent être interceptées, par un ordinateur équipé d’un récepteur radio, puis rejouées afin de neutraliser l’alarme. Le chiffrement est en effet parfois insuffisant, voire inexistant (ou inexploité dans le cas du Bluetooth Low Energy et des serrures connectées), et les équipements ne sont pas authentifiés. Ce n’est pas de l’exagération : ces failles pourtant béantes affectaient en 2016 l’alarme connectée SimpliSafe, vendue aux États-Unis. Les protocoles utilisés par les systèmes que nous avons testés sont a priori chiffrés et plus sûrs, en particulier quand ils sont de type propriétaire. Mais leur robustesse n’est jamais garantie à 100 %.
Les contacts anti-sabotage sont une autre mesure de protection, physique cette fois. Via la centrale et les notifications, vous êtes prévenu si l’accessoire, la centrale ou la sirène sont arrachés, à condition que ceux-ci aient été vissés à leur support (mur, porte, etc.). Ils ne sont pas généralisés, cependant. On les trouve par exemple sur certains accessoires de Devolo, de Bosch ou encore sur la centrale de Diagral. La One+ de Somfy Protect dispose quant à elle d’un accéléromètre, qui transmet une alerte si quelqu’un cherche à la déplacer.
Enfin, peu de fabricants pensent à sécuriser l’application mobile elle-même, si jamais un individu mal intentionné venait à dérober votre smartphone. Ainsi, si jamais vous cochez l’option « Se souvenir de moi », vos identifiants sont automatiquement enregistrés à l’ouverture de l’application, ce qui laisse à n’importe qui la possibilité de désarmer votre alarme. Désactivez cette option, cela vaut mieux. En plus, rien ne dit que ces informations soient chiffrées dans la mémoire du smartphone. Les applications de Somfy Protect, de Honeywell et de Diagral demandent en outre un code PIN si vous validez cette option, ce qui est une précaution supplémentaire.
Une alarme installée par un «pro» est-elle meilleure ?
Il y a deux éléments de réponse à cette question : la qualité intrinsèque du matériel et la qualité de la prestation du professionnel. D’une part, il ne fait pas doute qu’une alarme « pro », qui peut coûter à elle seule plusieurs milliers d’euros, fait preuve d’une fiabilité et d’une résistance supérieures à celle d’un petit système d’autosurveillance de quelques centaines d’euros. Et c’est heureux. Mais l’écart n’est pas toujours si grand que supposé. Les alarmes de Diagral, de Somfy et de Honeywell vendues au grand public ont hérité de technologies et de mesures de protection éprouvées dans les modèles professionnels de ces fabricants.
D’autre part, un installateur spécialisé dans les métiers de la sécurité (contrôle d’accès, vidéoprotection…) possède un savoir-faire : il écoutera vos besoins, analysera les risques (facilité d’accès et robustesse des ouvertures du sous-sol au toit, voisinage et situation géographique, etc.), identifiera les meilleurs emplacements où poser les détecteurs (et optimiser leur couverture), la centrale, le transmetteur et la sirène (pour les protéger aussi longtemps que possible de l’intrus) et pourra aussi assurer un service de télémaintenance. Le particulier est pour sa part susceptible de commettre des erreurs de débutant et de rendre inefficace un système d’alarme même chèrement acquis.
Il s’agit au final de procéder à une première évaluation de risques : si vous habitez un petit appartement à l’étage, un «petit» système de surveillance peut suffire, sachant que le déclenchement de la sirène fera fuir la grande majorité des cambrioleurs. En revanche, il sera trop limité pour protéger une grande maison isolée contre les intrusions. Qui plus est, si vous possédez des biens de valeur que vous souhaitez faire assurer, le passage par un installateur professionnel fera partie du contrat.
Peut-on espérer une remise sur son assurance habitation ?
Sécuriser son domicile à l’aide d’une alarme laisse augurer un geste commercial de la part de son assureur. D’ailleurs, l’application mobile de Somfy Protect le suggère en ces mots dans le descriptif de son service de télésurveillance : « économisez jusqu’à 20% sur votre assurance habitation, renseignez vous auprès de votre assureur. » C’est ce que nous avons fait, en prenant contact avec quelques grandes maisons d’assurance pour connaître leur politique en la matière.
Groupama n’accorde aucune réduction. Le groupe Covea (MAAF, MMA et GMF) supprime la franchise en cas de sinistre, à condition que le système soit relié à une plateforme de télésurveillance, sans doute celle du partenaire Verisure. Grâce aux formules Confort/Confort+, la cotisation annuelle est en supplément remboursable. Chez Axa, les assurés bénéficient d’une réduction de 10 % sur leur cotisation annuelle, à condition de s’équiper d’une alarme auprès du télésurveilleur Protection 24, partenaire d’Axa. Difficile, à la vue de ces réponses, de compter sur un rabais si vous installez votre alarme vous-même et ne souscrivez pas à un service de télésurveillance.
On observe toutefois un rapprochement entre assurances et fournisseurs d’objets connectés. Témoin le partenariat entre Axa et Somfy Protect : un particulier peut souscrire une offre Somfy Protect (incluant le système One+) en agence et bénéficier d’une réduction de 80 € sur la franchise.
- Smanos K1
- Somfy One+
- Bosch Smart Home kit Sécurité
- Diagral e-One Diag15BSF
- Devolo Home Control
- Gigaset Elements Alarm System S
- Idosens Solo
Source tomsguide.fr : https://www.tomsguide.fr/2019/03/04/quelle-est-la-meilleure-alarme-connectee/